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jeudi 24 janvier 2013

Logiciels libres et entreprenariat, l’exemple de Sulga Concept au Burkina Faso


Sulga concept est une entreprise créée par l’association Yam Pukri. Elle intervient dans le domaine des services informatiques, précisément la création de plateformes web et de bases de données.
POURQUOI SULGA CONCEPT ?
Yam Pukri en tant que pionnier dans le domaine des TIC au Burkina Faso depuis 1997 entreprend de multiples activités comme l’information, les appuis-conseils ainsi que la réalisation de sites web et de bases de données. La nécessité de créer une entreprise s’est fait sentir du moment où le statut associatif ne permet pas de postuler à des marchés alors que l’expertise de Yam Pukri commence à être sollicitée par l’État, les institutions privées, publiques, les ONG et les simples citoyens. Cette innovation est importante parce qu’il arrive effectivement que des ressources humaines bien formées dans les associations ne puissent être utilisées pour effectuer certains travaux et on a donc recours à l’extérieur avec parfois des résultats mitigés.
Yam Pukri qui également de l’incubation pour les jeunes sortant des écoles d’informatique ou de l’université en sciences sociales a donc essayé de créer cette Sarl qui utilise en partie les ressources de l’association. ( Locaux comme personnels) avec un jeune stagiaire ayant travaillé plus de 6 mois au sein de l’association. L’association devient donc actionnaire de la société.
L’UTILISATION DES LOGICIELS LIBRES AU NIVEAU DE SULGA CONCEPT.
Depuis 1997, Yam Pukri a participé avec bien d’autres organisations à la bataille du logiciel libre avec des sessions de formation, d’informations et d’appui-conseil dans le domaine. Les débuts furent très difficiles parce que les programmes et logiciels relevant du libre n’étaient pas trop user friendly et il fallait parfois des heures et même des jours pour installer Linux dans un ordinateur. Cela beaucoup découragés les jeunes informaticiens au sein de Yam Pukri. Ils ont en revanche trouvé que l’on devait enseigner Linux à l’université parce qu’il pressentait une certaine force et liberté d’action dans l’usage du libre. C’est ainsi que le libre a été utilisé comme plateforme expérimentale jusqu’en 2002-2001 où l’association a bénéficié de la formation en SPIP donnée par un bénévole de la défunte association CSDPTT.(France). Très vite, les jeunes se sont appropriés cette plateforme et réalisé la deuxième version du site Burkina ntic en 2003 avec ce programme qui s’est relevé très stable et très pratique. On a par la suite évolué vers d’autres versions et proposé la réalisation de sites web basés sur cette plateforme à de nombreux clients au Burkina Faso et ailleurs.
Il en est de même de l’utilisation du php , de mysql , du serveur apache dans la réalisation de divers programmes et plateformes demandées par des clients ou le plus souvent, les stagiaires ont fait leurs premiers pas dans l’utilisation de ces outils au sein de Yam Pukri.
POURQUOI LES LOGICIELS LIBRES ?
Il faut dire que c’est par curiosité et la recherche de solutions simples et faciles qui ont motivé notre approche. Lors de différents séminaires et ateliers tant au niveau national et international, on a entendu vanter les mérites des logiciels libres et en tant que structure associative, il est normal de se pencher sur la question en expérimentant certains outils. Si l’usage des applications web a été facile, la proposition de l’installation d’un système Linux chez des clients a mis des années avant de prendre forme à cause de la complexité de l’opération en son temps et du fait que les clients ne s’y connaissaient pas. Beaucoup pensaient qu’un ordinateur sans Windows n’est pas un ordinateur et il fallait des explications monstres pour les convaincre.
UNE APPROCHE MARKETING BASÉE SUR LE PRAGMATISME
L’arrivée de la distribution Ubuntu a simplifié l’utilisation de Linux pour les profanes et on a commencé à, proposer ces solutions à des clients. La porte d’entrée en élément markéting n’était pas de parler de logiciels libres qui riment un peu comme médicaments génériques, mais à vanter la force et la résistance du système aux virus. Connaissant que 90% des ordinateurs sont infectés en Afrique, nous proposons donc gentiment l’installation d’un système qui permet d’éviter la plupart des attaques virales. Si la personne est convaincue qu’elle peut ouvrir ses fichiers de traitement de texte dans le système, le tour est joué.
DIFFICILE DE FAIRE ADOPTER LES LL PAR CERTAINS SPECIALISTES
Il est parfois difficile de travailler avec 100% d’outils libres à cause de la réticence des spécialistes à les utiliser. Si l’utilisation des Contents managements System(CMS) libre et leur adaptation ne pose aucun problème, il est parfois difficile de convaincre à un développeur d’utiliser des outils graphiques venant du libre. Ils pensent qu’il perd du temps pour se réadapter sur tel ou tel outil et préfèrent utiliser des logiciels propriétaires crackés avec tous les problèmes que cela présente. Je leur demande souvent : voulez vous accepter avoir des retards de livraison et investir du temps dans tel ou tel outil afin de vous libérer des logiciel « crackés » ? Ils répondent par l’affirmative le plus souvent, mais la nature reprend le dessus.
LES LOGICIELS LIBRES OU LA CHOSE LA MOINS PARTAGEE
Il est souvent courant que des développeurs web ne signalent pas que le travail qu’ils ont fait vient de Logiciels libres et s’attribuent presque la paternité du travail. Ils préfèrent garder certaines infos à eux afin de monter le prix des travaux. Une fois, j’ai convoqué une vingtaine de développeurs autour de ce thème : créer des outils web abordables pour les entreprises et organisations au Burkina. Lors de cette rencontre où j’ai voulu expliquer que nous pouvons utiliser des LL pour proposer des solutions adaptées aux populations, beaucoup m’ont dit que je vais occasionner la chute des tarifs dans le marché du développement web. Mes projets de faire une foire du logiciel libre n’a pas donc pas pu se concrétiser à cause de la peur des jeunes évoluant dans le domaine de l’édition web. Ils préfèrent faire 2 à 3 mois sans boulot et décrocher un marché de centaines de milliers de francs plutôt que de proposer des solutions moins chères à ces dizaines de personnes. Je leur ai expliqué la logique de l’économie numérique qui de compter sur le plus grand nombre pour gagner sur une poignée, mais, mon message n’est pas passé.
Certaines personnes profitant de l’ignorance de la majorité des usagers font savoir à leurs clients qu’ils sont les auteurs de telle ou telle application alors qu’ils ont simplement copié le programme sans en signaler la source.
LE MUSEE DE YAM PUKRI OU L’ESPACE DE DEMONSTRATION VIVANTE DES LOGICIELS LIBRES
Afin de permettre aux personnes désireuses de toucher du doigt certaines applications ou matériels informatiques, Yam Pukri a mise en place un espace qui sert de démonstration de logiciels libres, de matériels innovants comme le ncomputing, le système de continuité de l’électricité ainsi que bien d’autres. Des produits anciens ont également été exposés afin de montrer de la science informatique. Ce musée permet donc aux personnes désireuses de tester les logiciels libres de venir le faire et de l’installer dans un ordinateur. Il permet également lors des différentes formations que nous organisons de conduire les apprenants à voir un échantillon de possibilités des TIC. Pour ce musée, les outils quel que soit leur capacité et puissances ne feront pas avancer dans le chemin du développement, c’est l’usage judicieux qu’on en fera qui aura plus d’impacts.
SENSIBILISER LES USAGERS SUR LES CAPACITÉS DES LL
Une porte d’entrée des logiciels libres pourrait passer par les usagers ou clients eux-mêmes qui les imposeraient aux techniciens et autres développeurs. En effet, ce système donnera plus de transparence et réduira les arnaques. Un entrepreneur est intéressé avant tout par l’argent et si ce dernier ne possède pas un esprit d’engagement et d’idéal envers son client, il risque d’abuser de sa méconnaissance et le vendra un produit à un tarif très élevé. Je me rappelle une fois, un organisme nous avait demandé de venir installer frontline S MS dont ils ont eu un aperçu du potentiel suite à un séminaire de sensibilisation sur le sujet. Ils étaient très enthousiastes et avaient même contacté le Ministre en personne sur ce projet. Ils nous demandèrent un devis et tel ne fut leur surprise quand la facture ne dépassait même pas 200 dollars dont la moitié était l’achat du téléphone portable et du câble et le reste le coût de la formation et de l’installation. On leur explique alors que le produit est gratuit et que nous ne facturons que l’installation et la formation. On a donc vu que certains n’aiment pas cette solution parce que ne pouvant avoir des pots de vins et autres.
Les logiciels libres ont un énorme potentiel, mais, dans un environnement du tout gratuit en Afrique (utilisation de logiciel craqués et autres), les logiciels propriétaires ont toujours une place de choix. Si nous prenons en compte que l’usage de ces outils peut réduire détournements de fonds, nous voyons bien que l’environnement est de plus en plus hostile à ces outils ou en fait semblant.
Seule une politique volontariste avec la complicité des usagers permettra à ces outils de percer dans cet univers changeant et hostile.
Sylvestre Ouédraogo
Yam Pukri
Bntic

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